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1 Objectif

À la différence d’autres catégories d’enjeux, comme les bâtiments à usage d’habitation, la plupart des autres activités économiques, les parcelles cultivées, les activités économiques de type camping n’ont pas de fonction de dommage préconisée au niveau national.

Pour autant cet enjeu est très fréquemment situé en zone inondable, notamment du fait de l’attractivité des cours d’eau.

L’objectif de cette note est de donner les fondements méthodologiques pour estimer, au moins partiellement, les dommages aux campings. Cette note est complémentaire des différents articles permettant de mobiliser la librairie floodam.campsite.

2 Cadrage de la problématique

2.1 Présentation de l’activité

Par rapport à d’autres activités économiques, les campings ont la particularité d’être situés sur des parcelles particulièrement étendues, équipées en composantes matérielles, support de l’activité.

Comme pour d’autres types d’entreprises économiques, notamment en lien avec le tourisme, l’activité des campings est fortement saisonnière.

2.1.1 Les composantes matérielles

Les campings sont constitués d’équipements de natures variées.

  • Les emplacements désignent les espaces prévus pour accueillir les clients. Ces emplacements peuvent être :
    • des emplacements nus avec différents niveaux d’équipements (électricité / eau) selon qu’ils sont prévus pour accueillir des tentes, des caravanes, des camping-cars ;
    • des parcelles équipées de résidences mobiles de loisirs (mobil-home) ;
    • des parcelles équipées d’habitations légères de loisirs (chalet).
  • Les chemins d’accès (goudronnés ou non) permettent la circulation au sein de la structure, à la fois pour les pétions et les véhicules.
  • Les bâtiments en dur accueillent notamment des sanitaires collectifs, des commerces de type alimentation, épicerie, des restaurants, l’administration du camping.
  • Pour améliorer les prestations proposés, il est également possible de trouver des piscines et d’autres équipements de sports.
  • Dans certains cas, notamment pour les campings installés dans des zones inondables avec des difficultés identificées d’évacuation de la clientèle en cas d’inondation, il est possible de trouver des zones refuges.
  • Enfin, la végétation fait partie intégrante des « équipements » de la plupart des campings, car elle joue un rôle important pour le confort de la clientèle : aspect paysager, ombragement et séparation visuelle des parcelles.

2.1.2 Organisation de l’activité

L’activité des campings est principalement une activité de type hotellière. À ce titre, l’activité est très saisonnière et influencée par les conditions climatiques du fait des caractéristiques de l’hébergement.

Plusieurs périodes marquent le rythme annuel de l’activité :

  • une période de fermeture au public, plutôt l’hiver, pendant laquelle peuvent être réalisés des travaux d’aménagements ou de maintenance et qui peut être en partie imposée pour des raisons de sécurité en lien notamment avec le risque d’inondation ;
  • une basse saison, où le remplissage est faible avec des pics lors des week-ends (notamment en cas de week-ends prolongés);
  • une haute saison où le taux de remplissage est quasiment maximal.

La saisonnalité a également des répercussions sur les prix pratiqués.

Concernant le public accueilli, même si les campings n’ont pas vocation à accueillir des habitants sur des temps longs, il est prévu une distinction entre deux types d’usages (voir service-public.fr pour plus de détails) :

  • un usage tourisme, pour des locations « à la nuitée, à la semaine ou au mois, pour une clientèle de passage »
  • un usage loisir, pour des locations « supérieure[s] à un mois, par une clientèle qui n’y élit pas domicile. »

D’ailleurs, les campings peuvent être classés sous deux mentions :

  • mention tourisme si plus de la moitié des emplacements sont de ce type ;
  • mention loisir dans le cas contraire.

Dans certains campings, les équipements présents de type résidences mobiles de loisirs ou habitations légères de loisirs peuvent être la propriété des clients. Dans ce cas, il est possible, même si ce n’est pas complètement légal, que les clients soient de fait des habitants installés de façon pérenne.

2.2 Classification des campings

Selon service-public.fr, il « existe 2 catégories de terrains de camping classés : les terrains de camping à étoiles (de 1 à 5 étoiles) et les terrains de camping aire naturelle. »

2.2.1 Campings à étoiles

Le nombre d’étoiles attribué (de 1 à 5) dépend du confort des équipements et des aménagements, des services fournis aux clients, de l’accessibilité et du développement durable.

Un terrain de camping classé doit afficher dans le bureau d’accueil ou à l’entrée du terrain les informations suivantes :

  • Nombre d’emplacements tourisme et loisirs, en distinguant, si besoin, le nombre d’emplacements nus, caravanes et camping-cars, grand confort caravane, confort caravane, habitations légères de loisirs et résidences mobiles de loisirs et le nombre d’emplacements de l’aire de stationnement pour autocaravanes
  • Plan du terrain, portant s’il y a lieu les emplacements numérotés
  • Prix pratiqués
  • Règlement intérieur

Source : service-public.fr

2.2.2 Campings « aire naturelle »

Les campings aire naturelle sont soumis à des règles particulières. Ce sont de petites structures situées en pleine nature avec des normes d’équipement et de confort moins exigeantes que celles des terrains de camping à étoiles. Ils ne peuvent accueillir que des tentes, des caravanes et des camping-cars. Les emplacements et les hébergements ne doivent pas être individuellement desservis en eau ou raccordés au système d’assainissement. Ces campings ne sont ouverts que 6 mois par an maximum, continus ou pas.

Un terrain de camping classé en catégorie « aire naturelle » doit afficher dans le bureau d’accueil ou à l’entrée du terrain les informations suivantes :

  • Nombre total d’emplacements
  • Plan du terrain, portant s’il y a lieu les emplacements numérotés
  • Prix pratiqués
  • Règlement intérieur

Source : service-public.fr

2.3 Classification NAF

Le code NAF (révision 2, 2008) associé aux activités de camping est le :

  • 55.30Z : Terrains de camping et parcs pour caravanes ou véhicules de loisirs

Deux codes de classification des produits française (CPF 2015 révision 2.1) correspondent :

  • 55.30.11 – Services des terrains de camping
  • 55.30.12 – Services des parcs pour caravanes et véhicules de loisirs

Comme précisé sur le site de l’INSEE, la sous-classe 55.30Z comprend :

  • la mise à disposition de lieux d’hébergement dans des terrains de camping, des parcs pour caravanes, des camps de loisirs et des camps de chasse et de pêche pour des séjours de courte durée ;
  • la mise à disposition d’installations et d’espaces destinés aux véhicules de loisirs ;
  • les services d’hébergement proposés par les abris et bivouacs permettant de planter une tente et/ou de poser des sacs de couchage.

Elle ne comprend pas :

  • les refuges et cabanes de montagne (affiliés au code 55.20Z) avaient À retenir L’utilisation de la sous-classe 55.30Z permet d’identifier les activités qui sont potentiellement des campings. Toutefois ce code ne garantit pas nécessairement que l’activité correspondante soit effectivement un camping au sens de la méthodologie proposée.

3 Méthodologie d’estimation des dommages

La méthode d’estimation des dommages proposée repose en grande partie sur l’étude réalisée sur le bassin versant de l’Orb (Erdlenbruch et al. 2007).

3.1 Origines de la méthode (Erdlenbruch et al. 2007)

La description de l’enquête donnée dans Erdlenbruch et al. (2007) est la suivante :

Nous avons effectué une enquête auprès des gestionnaires des campings concernés par le risque inondation (voir tableau suivant). Le questionnaire, basé sur celui que le SMVO avait envoyé aux autres activités économiques, était destiné à nous aider à mieux comprendre la situation des campings et les dommages potentiels qu’ils pourraient subir. Nous avons ainsi recueilli des informations sur l’entreprise (nombre de personnes travaillant dans l’entreprise, chiffre d’affaire etc.), sur la sensibilité de l’entreprise face aux inondations (données sur les crues historiques, présence de matériel et équipements vulnérables, dispositifs de protections contre les inondations) ainsi que sur l’information dont disposent les gestionnaires sur les inondations (source d’information). Un volet séparé du questionnaire était adressé aux comptables des campings, afin de disposer d’un certain nombre de données financières. Le questionnaire est attaché en annexe du rapport.

Au final, 13 gestionnaires ont répondu, ce qui correspond à un taux de réponse de 62%. Comme les dernières crues importantes remontent à 1996, tous les enquêtés ne pouvaient pas se souvenir des événements historiques. Nous avons alors construit des scénarios fictifs qui devaient nous permettre de mieux comprendre l’impact de différentes hauteurs d’eau sur les enjeux situés dans le camping. L’ensemble des informations ainsi obtenues nous a servi à la construction des courbes de dommages. Comme pour les activités agricoles, il serait intéressant de confronter de nouveau les hypothèses ainsi formulées aux gestionnaires des campings et d’améliorer ainsi notre démarche.

3.2 Principe de la modélisation

L’analyse de ces enquêtes a permis d’établir les grands principes de la modélisation suivants :

  • les composants élementaires clés des campings sont les emplacements qui peuvent recevoir
    • une tente (emplacement nu)
    • un mobile home
    • un châlet
  • à chacun de ces emplacements une fonction d’endommagement élémentaire est associée qui donne
    • le changement d’état et les actions pour revenir à la situation normale
    • un temps prévisionnel de remise en état
  • le passage au dommage monétarisé se fait en
    • associant une valeur aux actions de remise en état
    • estimant la perte d’activité associée au temps de remise en état
  • des informations sont à collecter pour chaque camping considéré
    • étendue spatiale du camping
    • nombre d’emplacements de chaque nature
    • prix pratiqué, remplissage attendu en fonction des périodes de l’année
  • la répartition spatiale des emplacements sur l’étendue du camping est considérée comme uniforme (menant à un dommage surfacique)

3.3 Données

Les données nécessaires à l’utilisation de la modélisation sont de deux types :

  • celles qui sont nécessaires à chacune de ses applications (pour caractériser les campings)
  • celles qui sont nécessaires à chaque actualisation (pour remettre à niveau les données mobilisables sur plusieurs campings)

3.3.1 Données nécessaires à chaque application

  • dommages matériels
    • étendue spatiale du camping
    • nombre d’emplacements nus, nombre de mobile homes, nombre de chalets
  • pertes d’activité
    • taux de remplissage du camping en fonction des périodes de l’année
    • prix pratiqué par le camping en fonction des périodes de l’année

3.3.2 Données nécessaires à chaque actualisation

  • dommages matériels
    • valeur de remplacemet des mobile homes et des chalets présents.
    • valeur de réparation des différents emplacements
    • sur-élévation des mobile homes et des chalets présents.
  • pertes d’activité
    • temps nécessaire pour la remise en état

3.4 Fonction d’endommagement élémentaire

Comme présenté dans le tableau 3.1, les fonctions d’endommagement sont relativement simples, elles ne font intervenir qu’un paramètre d’aléa (hauteur d’eau par rapport au sol natuel).

Table 3.1: Fonction d’endommagement élémentaire
alea h_min h_max mobil.home chalet nu
1 0 50 normal endommagé normal
2 50 100 endommagé détruit endommagé
3 100 Inf détruit détruit détruit

La valeur associée à chacune des actions pour chacune des composantes élémentaires est donnée dans le tableau 3.2

Table 3.2: Valeurs des actions de remise en état
composante état action coût durée
mobil-home normal 0 € 1
mobil-home endommagé réparation 8 000 € 2
mobil-home détruit remplacement 12 000 € 8
chalet normal 0 € 1
chalet endommagé réparation 8 000 € 2
chalet détruit remplacement 12 000 € 8
nu normal 0 € 1
nu endommagé réparation 1 000 € 2
nu détruit remplacement 2 500 € 3

3.5 Pertes d’activité

La perte d’activité est estimée en terme de pertes de chiffre d’affaire dûe à une impossibilité de l’exploitation pour les durées données (en semaine) dans la dernière colonne du tableau 3.2.

Quand un élément est non touché, Erdlenbruch et al. (2007) considère qu’il y a quand même une semaine de pertes du fait de l’évacuation du camping.

La perte d’exploitation résulte également du moment où a lieu l’événement, parce que le camping n’a pas la même activité selon les différentes périodes de l’année. Dans Erdlenbruch et al. (2007), le tableau 3.3 donne les valeurs utilisées pour les campings de la basse vallée de l’Orb en 2007. La pleine saison correspond à la période du 15 juillet au 15 août.

Table 3.3: Valeur clés de l’activité saisonnière des campings (Orb - 2007)
X remplissement mobil.home chalet nu
avril 20% 245 € 245 € 175 €
mai 20% 245 € 245 € 175 €
juin 20% 455 € 525 € 175 €
juillet 60% 665 € 700 € 280 €
pleine 100% 840 € 910 € 336 €
août 60% 700 € 700 € 245 €
septembre 30% 245 € 245 € 175 €

La combinaison des informations des tableaux 3.2 et 3.3 permet de calculer une fonction de dommage élementaire de type perte d’activité pour chaque composante élémentaire.

3.6 Représentation spatiale des campings

Ne connaissant pas de façon précise la localisation des éléments de location, Erdlenbruch et al. (2007) suppose que ces éléments sont équi-répartis sur la superficie du camping. À partir des enquêtes complémentaires permettant d’estimer le nombre de chacun des emplacements, les auteurs proposent d’estimer une densité d’occupation de ces éléments de location à chaque camping.

Le croisement entre la couche des polygones représentant le périmètre des campings avec celle de l’expansion des inondations pour chacun des événements a permis de construire une couche de polygones ayant notamment pour attribut le camping d’appartenance ainsi que la classe de hauteur d’aléa.

À partir de cette couche, le calcul des dommages a pu être effectué, pour chacun des scénarios d’occurrence des crues (on connaît la superficie des polygones, et le camping auquel ils appartiennent, donc la densité d’éléments ; en multipliant par la surface le nombre d’éléments sur le polygone, on applique les courbes de dommages).

4 Limites & possibilités d’y remédier

Dans Erdlenbruch et al. (2007), les limites suivantes ont été identifiées. Les avancées apportées autour du développement de floodam.campsite et consolidations nécessaires sont listées ci-après:

  • La localisation effective des emplacements n’est pas prise en compte.
    • La prise en compte de la localisation précise ne pose de problème majeur. Cette option a notamment été ajoutée dans floodam.campsite.
  • Il n’a pas été tenu compte de l’amortissement des éléments dans le tableau 3.2. Selon Erdlenbruch et al. (2007), il faudrait le faire.
    • La prise en compte de l’amortissement donne une orientation particulière au dommage. Dans une optique financière, il s’agirait de suivre les règles de remboursements des assurances prises par les établissements. Dans une optique d’évaluation économique, ne pas prendre en compte l’amortissement revient à surestimer la valeur des dommages matériels.
  • Les éléments communs bâtis (sanitaires, bureau, piscine) ou non (terrains de jeu, voies d’accès) ne sont pas pris en compte.
    • Cette piste pourrait être explorée en développant des fonctions de dommage ad hoc, à partir de floodam.building pour les éléments non existants à ce jour, ou en remobilisant des fonctions de dommages existantes dans la bibliothèque des fonctions de dommages aux entreprises.
  • D’autres éléments comme les commerces ne sont pas pris en compte mais devraient normalement apparître avec d’autres sources de données (SIRENE).
  • Les données sont datées, elles doivent être remises à jour.
    • Un travail de remise à niveau a été réalisé et a été intégré dans floodam.campsite.

Références

Erdlenbruch, Katrin, Vincent Germano, Éric Gilbert, Frédéric Grelot, and Christophe Lescouliers. 2007. Étude socio-économique des inondations sur le bassin versant de l’Orb.” Document final GRI 60306K. Montpellier, France: Conseil Général de l’Hérault.